L’ascenseur émotionnel

Après avoir été sous le choc de l’annonce d’un problème de santé des bébés nous ne savions plus quoi faire.
Nous n’avons même pas eu notre interlocutrice habituelle de l’agence de mères porteuses puisqu’elle était en congé.
Celle qui nous a annoncé la mauvaise nouvelle au téléphone est restée factuelle et nous a juste dit d’attendre. « Attendre » mais attendre quoi ? Que la fausse couche se fasse ?

Nous avons passé le week-end chez nos amis et il était bien difficile de leur cacher ce qui se lisait dans nos yeux et notre comportement. Ils ont été à l’écoute et ont essayé de nous changer les idées.

Être à 7000 km et se sentir impuissant

Nous avons eu Jill au téléphone qui était dans tous ses états aussi, elle se sentait coupable alors même qu’elle n’y pouvait rien. Nous étions si impuissant face à ce qui était en train de se produire.
Imaginez que 7000 km nous séparent, un système de santé et une culture différente nous empêchent de réellement comprendre ce que nous devions faire.
Nous nous sentions complètement désemparé.

Le lundi nous sommes contacté par l’agence à la première heure. Elle se veut rassurante et nous dit de voir avec le médecin qui a fait le transfert d’embryon.
Selon lui, il fallait faire de nouveaux examens. Avoir un nouvel avis médical.

Le rendez-vous est pour dans 2 semaines. Jill sent toujours les bébés bouger et se sent bien d’un point de vu physique. On se parle tous les jours. Malgré la distance nous voulons qu’elle sente notre soutien. Et nous, nous ressentons le sien.

Ces 15 longs jours passent difficilement.
Puis, on apprend que le kyste s’est résorbé. Plus de grosseur, les mesures des bébés sont parfaites.
On ne comprend plus, il y a 15 jours, c’était la fin, et maintenant tout va bien.
Un ascenseur émotionnel. Mais un soulagement.

Par précaution, le médecin nous propose à tous, en accord avec Jill, qu’elle aille dans un grand hôpital réputé assez loin de chez elle, pour faire des tests approfondis et comprendre ce qui s’est passé.

Ne pas y penser, espérer et continuer à vivre

Cette fois, il faut attendre 1 mois pour en savoir plus. On est un peu plus rassuré, mais les scénarios catastrophes nous hantent. Que se passera-t-il si finalement les nouvelles sont mauvaises ? Les bébés seront-ils viables à la naissance ? La grossesse est bien avancé, impossible de faire marche arrière.

Nous travaillons beaucoup, et on profite de la période estivale pour essayer de ne pas trop y penser, mais c’est difficile.
Les examens approfondis ne donnent rien, tout va très bien pour les bébés et la femme qui porte nos enfants.

Quel soulagement !

Nous sommes à presque 5 mois de grossesse et nous allons enfin respirer et profiter pleinement de nos derniers mois à deux pour préparer l’arrivée de nos petits bébés que nous chérirons plus que tout.

Jill aussi se sent mieux. Elle a envie de profiter de ce moment de plénitude comme elle le décrit si bien.

C’est vos bébés, mais c’est ma grossesse

Pour les 6 mois  nous organisons un voyage aux États-Unis pour aller la voir et l’accompagner à une échographie où nous saurons le sexe de nos bébés. C’est aussi à ce moment là que nous pourrons organiser notre dernier voyage, celui de la naissance.

Les retrouvailles sont merveilleuses. On en revient pas. Cette femme, inconnue il y a quelques mois encore, est enceinte de nos enfants. Et les événements de ces dernières semaines nous ont véritablement rapproché.

Rendez-vous très émouvant, le médecin, nous montre différentes parties du corps des bébés.
Nous attendons deux filles.
Nous n’avions aucune préférence, nous sommes simplement très heureux qu’elles aillent bien et nous allons pouvoir choisir sérieusement deux prénoms que nous attribuerons à nos futures princesses.

Puisque la grossesse est gémellaire et donc à risque aux USA, une césarienne est programmé. Si tout se passe bien jusqu’à la date prévue nous serons là pour l’accouchement.

Passer du temps avec notre mère porteuse et sa famille.

Pendant ce voyage on se promène ensemble, on rencontre des membres de sa famille. Ils veulent voir à quoi ressemble ce couple d’homme pour qui Jill porte les bébés !
Mes moments préférés restent les moments ou nous cuisinons ensemble. Je me sentais un peu comme Bree. Si vous voyez ce que je veux dire !

J’ai aussi aimé passer du temps avec sa famille. Jill à 3 enfants qui rentrent à peine dans l’adolescence. Ils sont très au clair avec ce que fait leur mère et on sent déjà qu’ils nous portent de l’affection. Pour eux ce geste est normal. Leur mère n’est pas enceinte pour avoir un frère ou une sœur. Elle porte pour nous. Jill et son mari leur en ont parlé bien avant le transfert d’embryon.

Nous avons parfois rencontré des gens dans la rue qui pensaient qu’un de nous était marié à Jill alors qu’elle était enceinte. Du tac au tac, elle répondait : [ Non, je suis « seulement » la mère porteuse de leurs filles ! ]. Les gens étaient émerveillés. Socialement, son geste est vraiment apprécié la-bas. Même si comme partout dans ce monde il existe des gens qui ne comprennent pas, la pratique est ancienne aux USA, elle est donc entrée dans les mœurs de nombreux états.

Le départ est difficile mais nous savons que nous allons nous retrouver rapidement.

De retour en France, les préparatifs

De retour en France, nous avons préparé la chambre, les vêtements les accessoires de puériculture. Nous avons vécu uniquement pour la naissance de nos filles.

Au fond, nous avons toujours l’appréhension que quelque chose se passe mal ou que Jill accouche sans que nous puissions être présent.

Nous organisons notre départ du travail. Malheureusement à ce moment là, un de nous seulement sera reconnu officiellement comme le père. Alors, l’un peut poser les quelques jours de congé paternité suivi de vacances. L’autre doit poser quelques congés payés et du sans solde.
On se met à planifier quelque chose de difficilement planifiable…mais qu’importe. Nous prévoyons de rester au minimum 4 semaines après la naissance afin de pouvoir faire les papiers d’identité des enfants (le passeport) et ainsi pouvoir revenir en France. Comme les enfants naissent aux États-Unis, c’est la loi du sol qui prime, ainsi elles auront une nationalité américaine.

Nous prévoyons de partir 10 jours avant la date de la césarienne pour maximiser les chances d’être là.

Pour ce dernier voyage, les choses sont différentes, nous savons que notre vie va changer. Plus les jours passent, plus nous sommes impatient, plus nous sommes nerveux.

C’est la fin d’un chapitre que nous vivons. Nous partons à 2 et nous reviendrons à 4.

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